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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 16:26

On peut lire l'introduction de L'Eglise devant ses juges (1937) ici. La moitié de ce chapitre a été publié en brochure sous le titre de Credo quia absurdum (1932) — cf. plus bas.


Chapitre Premier

SOMMAIRE. — Hautaines prétentions de l'Eglise. — « Je parle au nom de Dieu. » — La Bible et le Saint-Esprit. — Hors de l'Eglise, point de salut. » — La Foi et la Raison. — « Ce blanc, dis qu'il est noir.» — L'Eucharistie. — Manger Dieu. — Digère-t-on Dieu ou le Stercoranisme. — Le « Credo quia absurdum » dans Tertullien, Malebranche, Brunetière.

Affirmatrice et dominatrice, l'Eglise me dit :

— C'est toi qui comparais devant moi. Ta raison, ton cœur, ta conscience, tu dois me les soumettre. Tu l'as promis à ton baptême. Ou, ce qui revient au même, on l'a promis pour toi.

Dès que l'Eglise parle, je me sens en pleine folie. Je ne saurais subir longtemps sans les interrompre ses discours et leur démence :

— Vous est-il donc impossible, haute et puissante Reine, d'éviter un instant les escamotages et les sophismes ? Les promesses qu'on fit pour le bébé naissant, il me semble difficile qu'elles m'obligent.

— Elles t'obligent. Ceux qui ont promis en ton nom ont fait le nécessaire pour ta vie spirituelle. Vas-tu, insensé, les renier jusqu'au suicide ? Hors de l'Eglise, point de salut. Ecoute d'un coeur ému les voix mêlées, aussi maternelles l'une que l'autre, de ta Mère et de ton Eglise. Elles t'appellent amoureusement loin du plus effroyable des dangers ; elles t'écartent des flammes éternelles. Sois fidèle afin que je t'ouvre ce ciel où t'espèrent — anxieusement, par ta faute, — ceux qui t'ont donné à moi pour te donner aux béatitudes.

— Tes menaces atroces et tes promesses éblouies, je m'y laisserai émouvoir si ma raison me conseille de les prendre au sérieux. Regardés avec des yeux d'homme, ton paradis et ta géhenne ne vont-ils point me faire rire comme le croquemitaine de mère-grand ou comme ce gentillet petit Jésus qui venait baisotter, dès que je dormais, mon front d'enfant bien sage ? Même avant tout examen, je sens que tu exagères, prêcheuse grandiloque. L'Eternité pour récompenser mon aveugle croyance ou punir ma critique et mes yeux ouverts, c'est un peu trop. L'infini de la perte ou du gain proposé à l'être limité que je suis... Pascal, tes dés sont pipés... Je m'efforce, sans grand succès. de me maintenir dans le doute méthodique. « Plaisante foi —s'écrie Montaigne — qui ne croit ce qu'elle croit que pour n'avoir pas le courage de le décroire. » (1) J'ai le courage de décroire. J'ai secoué la lâcheté de vieillir dans une enfance incurable. Douter : seul moyen de joindre à la foi la bonne foi. Après l'examen, ma foi sera honnête et peut-être profonde. Mais, sera-ce ma foi en toi ou ma foi contre toi ?

— Tu es, malheureux enfant, en de bien mauvaises dispositions. Tu m'affrontes debout, moi à qui l'on parle à genoux. Mais je plains ton orgueil et je pousserai la miséricorde jusqu'à t'instruire. Tes doutes, je les disperserai comme le soleil disperse la brume. Si tu es vraiment de bonne foi, si tu ne préfères pas tes vices à la vérité, tu reviendras, émotion et confusion heureuses, à la mère qui a pitié de ta révolte et de ton égarement. Avec des douteurs, je fais mes docteurs, comme, avec des pécheurs, mes saints les plus glorieux. Exprime tes inquiétudes et tes difficultés où tu t'égares. Je dénouerai tout cela dans la même joie fraîche qu'au matin lumière et réveil dénouent tes cauchemars.

— Ta voix de caresse n'est pas moins autoritaire que tout à l'heure ton accent brutal.

— C'est que je possède les certitudes éternelles et je t'offre de partager mon trésor.

— Tes certitudes, je vais les étudier avec toi...

— Sous moi, sous mon magistère.

— Il me faut les examiner l'une après l'autre.

— Tu y trouveras force et consolation.

— Dis-moi d'abord comment tu les as conquises.

— Je n'ai eu la peine de rien conquérir. Je ne suis pas, qui hésite et rampe, la pauvre science humaine. Ce que je sais, je l'ai appris par révélation. Ce que j'enseigne est parole de Dieu.

— Dieu ?... Y a-t-il un Dieu ?... Si oui, sa révélation doit, me semble-t-il, se faire par la raison qu'il m'a donnée.

— Il te semble mal. Je vais te démontrer que j'ai le dépôt de la vérité révélée. Après quoi, tu n'auras plus qu'à adopter sans examen, en émotion adoratrice, tout ce que je te dirai croyances, au nom de l'Omniscient; commandements et tabous, au nom du Tout-Puissant.

— Tes méthodes me paraissent un peu lestes. Permets que je te prenne davantage au sérieux. J'ai tes catéchismes ; j'ai tes apologies anciennes et récentes ; j'ai tes livres canoniques et les documents de ton histoire. Laisse-moi étudier en paix. Tes manières ridiculement hautaines soulèvent la révolte chez tout être un peu noble ; chez tout être un peu gai, le rire. Va-t-en. Je veux chercher froidement si, par aventure, tu vaudrais mieux que tes manières.

Le fantôme chassé, je me sentais encore tout ému de ses façons impérieuses. Emu jusqu'au rire, car il s'était évanoui en criant le plus joli mot de sa jolie langue fraternelle : « Anathème. Anathème. » Rieur et agacé comme lorsqu'on vient à peine de se délivrer, enfin, d'un fâcheux obstiné. Trop rieur, trop énervé, trop secoueur, si j'ose dire, d'un fardeau récent pour travailler avec sérénité.

Oui, je secouais par instants des épaules courbatues, soulagées et hilares en répétant : « Ah, ces Messieurs prêtres, qui nous parlent au nom de Dieu. » Et, feuilletant, nonchalant, la Bible d'Osterwald, je lisais ça et là, un verset qui m'indignait de sa cruauté, m'égayait de sa sottise ou, parfois, me charmait de sa poésie. Mais voici que je rencontrai, au chapitre III du Livre des Juges, la mort du Roi Héglon. Un certain Ehud (2) l'aborde avec ces paroles : « J'ai un mot à te dire de la part de Dieu. »

« Or, Ehud s'était fait une épée à deux tranchants, de la longueur d'une coudée, qu'il avait ceinte sous ses habits, sur sa cuisse droite. »

Cet Ehud ayant dit : J'ai à te parler de la part de Dieu, Héglon se leva de son trône pour écouter plus respectueusement.

« Et Ehud, avançant sa main gauche, prit l'épée de dessus sa cuisse droite et la lui enfonça si avant dans le ventre que la poignée entra après la lame. » (3)

Joli geste et joli symbole, bien faits pour inspirer la plus émerveillable confiance envers tous ces sincères qui osent parler de la part de Dieu.

J'ai trop pratiqué « la Sainte Bible » pour m'étonner que, comme souvent, l'assassin soit ici son héros et qu'elle raille, lourde et grossière, l'assassiné. On a eu soin de nous avertir au verset 17 : « Héglon était un homme fort gras. » Le verset 22, après nous avoir appris que la poignée pénétra derrière la lame, ajoute, pour faire rire sans doute ceux qui ont l'âme biblique: « Et la graisse serra tellement la lame qu'il ne pouvait tirer l'épée du ventre ; les excréments en sortirent. »

Pouah. Ces gaîtés d'assassin dans un livre que tout protestant lit, affirme-t-il, pour son édification et où chaque mot, d'après l'Eglise Romaine, est inspiré de Dieu. Les passages sont innombrables où le Saint-Esprit se manifeste un apache dangereux et un ignoble voyou.

Or, il faut adorer sans choix, que ça pue le sang ou l'ordure.

Si vous en doutez, lisons ensemble, dans les canons du Concile du Vatican, quelques phrases de la constitution Dei Filius :

« Si quelqu'un ne reçoit pas dans leur intégrité avec toutes leurs parties comme sacrés et canoniques les livres de l'Ecriture comme le Concile de Trente les a énumérés ou nie qu'ils soient divinement inspirés : qu'il soit anathème.

« Ces livres de l'Ancien et du Nouveau Testament doivent être reconnus saints et canoniques en entier dans toutes leurs parties, tels qu'ils sont énumérés dans le décret du Concile de Trente (4) et comme on les lit dans la vieille édition latine de la Vulgate. »

Bon. Le Saint-Esprit ne s'est pas contenté de dicter l'hébreu ou le grec : il a encore pris la peine de traduire tout cela en latin.

« Ecrits sous l'inspiration de l'Esprit-Saint, ils ont Dieu pour auteur et ont été livrés comme tels à l'Eglise elle-même. »

Texte et traduction latine ne sont pas seuls divins. Les commentaires revêtent le même caractère sacré : « Il faut tenir pour le vrai sens de la Sainte Ecriture celui qu'a toujours tenu et que tient notre Sainte Mère l'Eglise, à qui il appartient de fixer le vrai sens et l'interprétation des Saintes Ecritures ; en sorte qu'il n'est permis à personne d'interpréter l'Ecriture contrairement à ce sens, ou même contrairement au sentiment commun des Pères. » L'Eglise m'interdit donc de lire honnêtement ; et je soupçonne déjà que c'est pour m'imposer, dès qu'il lui duit, de comprendre autre chose que ce qui est écrit.

Quand on me vante sans réserves un livre aussi mêlé ; quand on déclare vénérables et divins les versets infâmes comme les versets poétiques, les pages assassines comme les pages humaines, on a beau faire, avec Bossuet, la grosse voix et affirmer que telles paroles dont nous nous croyons les juges nous jugeront au dernier jour, mon dégoût, mon mépris et mon rire répondent seuls à ces effarantes prétentions.

Un enquêteur demandait quel livre me paraissait plus honteux pour l'humanité et tel que j'en voudrais voir brûler tous les exemplaires. Je répondais, d'abord, que le plus malfaisant de tous les livres est sans hésiter la Bible. Puis, je songeais qu'elle contient des pages d'une poésie sublime, d'autres d'une grâce exquise ou d'une cordiale bonhomie. Le second Isaïe est une grande fleur des sommets et, dans la vallée, les contes d'un folk-lore agréable ne manquent point, Joseph, Ruth ou même Tobie. La Bible, au vrai, n'est pas un livre mais soixante livres, toute la littérature pendant des siècles d'un peuple singulièrement original et merveilleusement divers. D'ailleurs, il ne faut sacrifier aucun livre : laissons ces gestes aux brutes religieuses qui dominent Alexandrie comme évêques et comme conquérants, aux Théophile et aux Omar. N'imitons pas les vandalismes que nous condamnons chez autrui. L'Eglise n'a-t-elle pas anéanti assez de beauté, de science et de pensée ? Que notre misanthropie, enfin, si notre amour n'y suffit, respecte matériellement tout ce qui fut écrit : il y a déjà trop de lacunes dans l'histoire de la folie, de la sottise et de la cruauté humaines.

Par sa partie historique, la Bible, semblable hélas à toutes les histoires de tous les peuples, est un marécage de sang et de boue. Mais, je me laisse entraîner loin de mon propos. Tâchons d'examiner raisonnablement les prétentions de ceux qui osent, poignard caché sous le vêtement ou Inquisition dissimulée derrière l'Evangile, nous parler au nom de Dieu.

L'Eglise n'exige pas seulement que je l'écoute, elle m'interdit d'entendre toute autre voix. « Hors de l'Eglise, point de salut. » A ne me point asservir à ses dogmes et à sa discipline, à lire, en particulier, les ouvrages condamnés par la Sacré Congrégation de l'Index, je me fais, qu'on puisse ou non me persécuter dans le présent, damner pour l'éternité. Si ces brutales menaces manifestent le désir que j'étudie loyalement, avouons que la manifestation présente un caractère un peu paradoxal.

Mais ces menaces, peut-être que je les exagère ? En 1215, le quatrième Concile de Latran (12° œcuménique) le même qui imposa la confession annuelle et la communion pascale, le même dont nos catéchismes mirlitonnent ainsi certaines décisions :

Tous tes péchés confesseras
A tout le moins une fois l'an ;
Ton Créateur tu recevras
Au moins à Pâques humblement ;

a décrété souverainement, infailliblement, éternellement que hors de l'Eglise « personne absolument n'est sauvé » extra quam nullus omnino salvatur.

Sentant l'odieux de brûler durant l'éternité des êtres droits et nobles qu'il leur arrive de nommer des saints laïques, certains prêtres les sauvent par un généreux distinguo : les braves gens de toute opinion appartiennent, sinon au corps, du moins à l'âme de l'Eglise. Dans une controverse avec l'abbé Viollet, mon miséricordieux contradicteur voulait, malgré mon athéisme, m'épargner l'enfer par ce moyen ingénieux. Or, cruel comme son Eglise, je lui montrai que son indulgence était criminelle et qu'à y persister, il se damnerait avec moi. (5)

L'hypothèse d'une âme de l'Eglise plus large que son corps et qui permet le salut de quelques nobles infidèles n'a jamais, à ma connaissance, été condamnée. Mais elle devient anathème, M. l'abbé, si vous avez la témérité de sauver un ancien croyant, un apostat, comme vous dites quand la conversion va dans un certain sens. Et, à mon contradicteur qui ne pouvait plus me contredire, je lisais cette infaillible décision de la Constitution Dei f ilius (Chapitre III, De la Foi) :

« La condition de ceux qui ont adhéré à la vérité catholique par le don divin de la foi n'est nullement la même que celle de ceux qui, conduits par les opinions humaines, suivent une fausse religion ; car ceux qui ont embrassé la foi sous le magistère de l'Eglise ne peuvent jamais avoir aucun juste motif de l'abandonner et de révoquer en doute cette foi. »

Ainsi, parce que mes premiers ans ont rabâché le catéchisme, je dois rester toujours un écho ou accepter l'enfer. Joyeusement j'accepte l'enfer. Un dieu assez cruel et assez fou pour sanctionner les tyranniques condamnations de l'Eglise, je ne saurais concevoir aucun bonheur, aucune paix, aucune dignité près de lui et dans la couardise de lui obéir. Chanter les louanges de ce bourreau, je ne consens pas à cette trahison envers mes frères injustement torturés. Parmi les tourments de l'enfer, je jouirai du moins de ma justice invaincue et de haïr, dans le Dieu catholique, la haine. La haine, infiniment ignoble et lâche de durer éternelle, toute-puissante et jamais rassasiée.

Mais j'éclate de rire ! C'est de moi que je ris. Les attitudes héroïques sont trop ridicules devant les absurdes chimères dont nous menace l'Eglise fanfaronne.

Il eut peur de l'Enfer, le lâche, et je fus reine.

Ces mots, qu'un sonnet attribué à Racine met dans la bouche de la Maintenon, je crois les entendre sortir de tes lèvres ricaneuses, Madame l'Eglise.

Si, enfant incurable qui tremble à l'idée de Croquemitaine ou de Satan, j'avais peur de l'enfer, qu'exigerait de moi ma sainte mère l'Eglise ? Dans quelle mesure m'imposerait-elle le sacrifice de ma raison ?


[Un intermède pour signaler deux ou trois choses sur la suite de ce premier chapitre. C. Arnoult]

Cette seconde partie du premier chapitre de L'Eglise devant ses juges fut publiée en brochure dès 1932 aux éditions de L'Idée Libre (coll. Les Meilleures œuvres des auteurs rationalistes, publication trimestrielle, en l'occurrence le n° 19 d'avril 1932). Cela sous le titre de Credo Quia Absurdum. On (c'est-à-dire probablement André Lorulot) nous prévient au début du texte :

Notre ami Han Ryner travaille à un livre intitulé l'Eglises devant ses Juges. Il n'espère pas l'avoir achevé avant quinze ou dix-huit mois. Mais il a détaché pour l'Idée Libre un fragment du premier chapitre qui a, ou à peu près, sa forme définitive.

Il n'y a effectivement aucun changement entre le texte de la brochure et celui du livre.

Il est intéressant de noter que ce texte anticlérical fut écrit au début des années 1930, c'est-à-dire à la même époque que la rédaction de ses souvenirs d'enfance et d'adolescence (J'ai nom Eliacin et ...Aux orties). Années de jeunesse marquées par la religion, puisque le petit Ner passa sa scolarité dans divers établissements religieux, et qu'il sembla un temps destiné à la prêtrise...

L'Eglise devant ses juges parut finalement en 1937, et c'est le dernier ouvrage édité du vivant de Ryner. Il y a quelque chose d'émouvant à y retrouver le personnage de Marcel Bonnier — et non plus Emile Bonnier, comme dans Le Crime d'obéir (cf. ici), mais toujours manifestement inspiré du poète Emile Boissier (cf. ), proche ami de Ryner et mort de neurasthénie quelques trente ans plus tôt. Bonnier y occupe la fonction candide du poète si tant poète qu'il trouve quelque majestueuse beauté dans le profond illogisme de la métaphysique catholique. Boissier avait en effet un côté mystique chrétien.


— Vous vous faites des monstres — me dit un catholique intelligent et bienveillant. Votre raison, votre raison, vous n'avez que ce mot à la bouche. Eh, qui lui en veut, à votre raison ? On la respecte pleinement, votre raison. Dans tout ce qui est de son domaine. Et on vient généreusement à son aide pour lui donner ce qu'elle ne saurait atteindre d'elle-même. Vous citiez, Monsieur, la constitution Dei filius en son chapitre troisième. Voulez-vous avec moi pousser un peu plus avant la lecture ? Le chapitre IV, De la foi et de la raison, vous donnera les lumières apaisantes dont vous avez besoin :

« En dehors des choses auxquelles la raison naturelle peut atteindre, il y a des mystères cachés en Dieu que nous ne pouvons connaître que par la révélation divine. » Vous le voyez, on ne veut que vous enrichir et gratuitement. On ne vous demande nul sacrifice dans les « choses auxquelles la raison naturelle peut atteindre. » Que vous faut-il de plus ?

Il me faut, en effet, quelque chose de plus. Les problèmes que ne peut résoudre ma raison ni celle des plus grands génies philosophiques, ni celle a fortiori des papes qui ont eu parfois du génie, mais d'ordre politique, j'exige la probité de les laisser ouverts. Que chacun se fasse librement sa métaphysique et rêve son rêve sans l'imposer aux autres rêveurs. Aux plans où la raison ne saurait atteindre, je ris du charlatan qui affirme, je me révolte contre le tyran qui exige que j'affirme. Hors du domaine de la science et de l'affirmation probe, je respecte le silence du positiviste et je chante, quand il me duit, mon poème sans condamner les autres chants.

Mais êtes-vous si certain que cela qu'aux pays de l'expérience et de la lumière humaine l'Eglise respecte toujours ma raison ? Oubliez-vous la sentence impérieuse d'Ignace de Loyola : « Si l'Eglise décide que ce qui est blanc est noir, nous devons dire avec elle que c'est noir ».

— Il ne faut pas prendre à la lettre ces formules qui, pour se faire pittoresques et frappantes, revêtent un visage affronteur.

— Eh, eh, l'Eglise ne me demande-t-elle jamais de déclarer noir ce qui est blanc ? Il me semble que l'Eucharistie...

Mais le plus bienveillant et le plus intelligent des catholiques fuyait pour ne pas entendre blasphémer « le grand miracle d'amour ».

Je voyais et je vois un petit rond de pain à chanter. Il faut que j'affirme que tout à l'heure, en effet, c'était pain à chanter ; mais, un homme aux vêtements charlatanesques ayant prononcé certaines paroles latines, c'est maintenant, malgré le témoignage de tous mes sens, un corps humain. Le corps humain d'un Dieu. Il faut que j'affirme que la petitesse de ma bouche contient entier cet étrange corps d'homme-Dieu. Il faut que j'affirme que ce corps se trouve à la même heure tout entier dans d'autres bouches et dans d'innombrables tabernacles. C'est beaucoup plus que n'exigeait la formule de Loyola déclarée excessive tout à l'heure. Il s'agit de choses mille fois plus étonnantes qu'un pauvre changement de couleur. Daltonisme ou hallucination peuvent me faire mal juger des couleurs. Nul daltonisme et nulle hallucination ne me fait prononcer que ma bouche ne saurait contenir tout entier corps humain ou qu'un même corps ne peut occuper simultanément des emplacements nombreux.

Or, ce qui est de toute impossibilité, Bossuet le déclare « évident » puisque. — Bossuet en est sûr et tente l'Eglise — « Jésus-Christ a eu dessein de nous donner, en vérité, son corps et son sang. » (6) Je hausse les épaules devant la folie attribuée à ce pauvre Jésus dont le corps mangeait visible à l'instant même qu'il se faisait, nous affirme-t-on, manger par les apôtres. Or, Bossuet me bouscule avec les protestants. « Ces Messieurs, — dédaigne-t-il — (7) prétendent que la chose s'explique d'elle-même parce qu'on voit bien, disent-ils, que ce qu'il présente n'est que du pain et du vin. Mais ce raisonnement s'évanouit quand on considère que celui qui parle est d'une autorité qui prévaut aux sens et d'une puissance qui domine toute la nature. »

Au malheureux qui se laisse émouvoir par d'aussi insolentes argumentations, on peut tout faire avaler. L'Eglise ne s'en prive guère, qui se proclame, elle aussi, « d'une autorité qui prévaut aux sens » ainsi qu'à la raison. Remercions-la pourtant de nous épargner le dégoût d'une anthropophagie réelle. Bienveillamment, affirme Bossuet, Jésus « désirait exercer notre foi dans ce mystère et en même temps nous ôter l'horreur de manger sa chair et de boire son sang en leur propre espèce. »

Avant que de telles folies fussent affirmées, fussent imposées sous peine du bûcher et de la mort éternelle, elles semblaient impossibles. « Quand, dit Cicéron, nous appelons le blé Cérès et le vin Bacchus, nous employons une figure de style très courante; mais croyez-vous qu'il y ait quelqu'un d'assez fou pour s'imaginer que ce qu'il mange est un Dieu ? »

Me rappelant en riant combien les premiers chrétiens riaient d'une mythologie poétique plus qu'affirmative, je demande à Tertullien, à Augustin et aux autres laquelle entre les métamorphoses qu'ils lisaient dans Ovide en se gaussant atteint l'étrangeté ridicule de la transubstantiation.

Halte. La « folie de la croix » a fait soutenir bien des opinions risibles à l'homme du Crédibile quia ineptum ou à celui auquel on attribue le Credo quia absurdum. Ils exigeaient pourtant une moindre humiliation de la raison. La croyance à la « présence réelle » pouvait être satisfaite par le concept de la consubtantiation, un peu moins ridicule que celui de la transubtantiation. Or, ce dernier est seul orthodoxe depuis le quatrième concile de Latran (1215).

Pour les gens heureux qui n'ont point gâché leur temps à étudier de telles billevesées, expliquons la différence. La doctrine condamnée de la consubstantation affirme la présence de tout le corps de Jésus-Christ dans le moindre débris de pain consacré, ce qui est déjà amusant. La transubstantiation, plus affolante encore, prétend que le pain et le vin aliènent, sous la parole puissante du prêtre, leur substance entière et s'anéantissent. Il n'en reste plus que les apparences ou, pour conserver comme l'Eglise, un archaïsme, « les espèces ». Dans la bouche du communiant, il n'y a plus que le corps divin ; il ne mange plus de pain et le curé ne boit plus de vin. C'est le sang de Jésus qui coule dans sa gorge. Dieu ne s'amuse pas seulement au plus effarant des miracles, il s'égaie à une prestidigitation et à un mensonge. Ce qu'affirme l'Eglise doit se traduire : « Jésus-Christ est présent dans un néant de pain et de vin ».

Loyola, décidément, dit de façon insuffisante les exigences de l'Eglise quand il nous demande de proclamer noir avec elle ce que tous les yeux voient blanc.

*
*  *

Mon ami Marcel Bonnier est avocat. Il plaide rarement. Il aime mieux faire des vers. Et il a raison puisque ses vers sont très beaux. Mais il lui est difficile de considérer quoi que ce soit à un autre point de vue que le point de vue poétique. Je l'appelle souvent l'Incompressible Poète et il accepte fièrement ce surnom. Je lui exposai quelques-unes des réflexions qui précèdent. Il me blâma :

— Pourquoi, au lieu de jouir et d'admirer, as-tu la maladresse de critiquer ? Tu n'es donc plus poète du tout ? L'Eucharistie, c'est peut-être fou pour la froide raison, mais pour un cœur avide d'infini, quel merveilleux poème d'amour...

— Oh, si nous sommes au domaine de la fiction avouée ou si nous répétons en souriant quelque vieille fantaisie populaire qui n'obtienne plus la créance de personne, je veux bien admirer, comme dans Homère ou dans le folk-lore, la fantastique invention. Oui, dans ce rêve vertigineux de manger son Dieu fait homme, j'admire je ne sais quelle étrange odeur mélée de sommet et d'abîme, je ne sais quel séduisant anachronisme et quel poétique attardement cannibalesque. Le mal, c'est que les docteurs ne sont pas des poètes. Ils affirment. Ils font gravement l'anatomie de la chimère et la description détaillée de ses bombinements dans le vide. Une sottise nauséabonde alourdit leur folie et ils étudient comme une réalité ce qui, à ne point rester rêve léger, perd valeur et grâce.

Puis j'interroge, presque brutal :

— Sais-tu ce que c'est que le stercoranisme et les stercoranistes ?

— Non, dit l'incompressible poète, et, cependant, comme il est bon latiniste, il rougit.

&mash; Et bien, mon vieux, ces lourdauds de théologiens se sont demandé si, une fois dans notre estomac, le corps de Jésus-Christ était, comme les autres aliments, sujet à la digestion et à toutes ses suites. On appelle stercoranistes ceux qui soutiennent l'affirmative. Le stercoranisme eut peu de partisans. On prétend même qu'il n'en eut jamais aucun. Dans son Dictionnaire des Hérésies, l'abbé Pluquet déclare délibérément : « On ne peut citer aucun auteur qui l'ait soutenu et tous les monuments de l'histoire ecclésiastique supposent le contraire ». Mais, entre sectes, on se reprochait le stercoranisme comme une conséquence nécessaire, ridicule et nauséabonde des principes de l'adversaire. Les catholiques en accusaient l'Église Grecque. Puisque le communiant romain n'a pas reçu le pain, mais la chair de Jésus, certains protestants en concluaient que, dans l'estomac catholique, la chair de Jésus se décomposait nécessairement et qu'une partie en était rejetée avec les autres excréments. Eloignons-nous de ces préoccupations religieuses. Je n'ai même pas voulu vérifier, nez bouché, si Basnage se trompe quand il accuse certains Pères d'accepter la puante conséquence.

— Tu inventes.

— Ce que je te dis, tu le trouveras plus au long dans Pluquet ou dans tout autre dictionnaire théologique. Tous ou presque tous les docteurs semblent d'accord pour mettre, par un miracle au besoin, — ça ne leur coûte guère — le corps divino-humain à l'abri de toute décomposition ; mais sur le sort des « espèces », les avis sont partagés.

— Tu dis ?

— Quelques théologiens veulent qu'elles soient anéanties. Au 9e siècle, le succès allait à une doctrine bizarrement ingénieuse qui transformait ces néants en la chair qui doit ressusciter, glorieuse, au Jugement. Aujourd'hui, on admet généralement que le pain et le vin apparents ont le même sort que les aliments réels. Je mange de la viande invisible que je ne digère point; et je digère le pain que je n'ai pas mangé.

— Folies qui rampent dans la fange.

— Concluons, si tu veux, avec l'abbé Pluquet et citons après lui « ces mots d'un ouvrage anonyme » :

« Il n'y a que Dieu qui sache ce qui arrive à l'Eucharistie lorsque nous l'avons reçue ».

— Tu me jures qu'on a discuté des siècles cette jolie question ?

— Je te le jure. Je t'avouerai même que Pluquet me paraît un peu optimiste. Quoique j'aie fui ces recherches, je crois avoir rencontré au moins un stercoraniste avoué. Le 7 mai 1199, l'infaillible Innocent III condamna à la prison perpétuelle pour cette hérésie parfumée un certain Rainald, abbé de Saint-Martin de Nevers.

L'Incompressible poète ne m'écoutait plus. Il sortit enfin d'une rêverie pour déclarer :

— L'Eglise n'a peut-être qu'un tort ; et c'est de présenter les vertus théologales dans un ordre peu psychologique : la foi est fille, non mère de la charité et de l'espérance.

— L'Eglise ne saurait ignorer que, seuls, l'espoir, le désir et la peur troublent assez le regard pour qu'on s'abandonne à la foi. C'est volontairement qu'elle fausse l'ordre réel. Mais on le rencontre avoué assez souvent et, pour ne citer qu'un exemple, Tertullien commence ainsi son traite De la Résurrection de la chair : « La résurrection des morts est l'assurance des chrétiens ; l'espérance que nous en avons conçue fait que nous y croyons ».

— Tertullien, ici me paraît un pauvre petit froussard qui croit par affolement et peur du néant. Mais l'ivre aveuglement d'amour a sa beauté et sa grandeur. Tout croire parce qu'on aime....

— Enfant... Ainsi plus ce que tu affirmes est incroyable, plus tu te vois beau et grand. Eh, oui, il est plus magnifique que « le cocu magnifique », celui qui, ayant vu, nie le témoignage de ses yeux.

Mais Bonnier n'entendait pas. Il parlait, comme il arrive, en même temps que moi. Il rappelait Pascal et que toutes les noblesses intellectuelles réunies n'équilibreraient pas un acte d'amour : il est d'un autre ordre. Et l'Incompressible poète décrétait :

— On n'est beau que par le coeur. Sacrifier au coeur l'intelligence, quelle sublimité. Son grand coeur dicte à l'ardent Augustin le cri souverain : Credo quia absurdum.

—>Mon pauvre vieux, tu peux lire tout Saint Augustin sans rencontrer sous cette forme légendaire, le cri qui t'émerveille. Et aucun autre Père ne l'a poussé.

— Tu es bien certain ?... Personne n'a eu le courage ?....

— Rassure-toi. Plusieurs ont eu le courage. Credo quia absurdum n'a pas été écrit avec ces mots, il l'a été sous des formes diverses. Tertullien, par exemple, au chapitre V de son traité De la chair du Christ, multiplie les antithèses affronteuses : « Tu ne peux être sage si tu ne montres de la folie aux yeux du monde, te soumettant par la foi à ce que l'on prend pour folie. » Et, un peu plus loin : « Le Fils de Dieu est né : précisément parce qu'il faut en rougir, je n'en rougis pas. Le Fils de Dieu est mort : il faut le croire parce que c'est inepte (credibile quia ineptum). Il est ressuscité du tombeau où il a été enseveli : le fait est certain parce qu'il est impossible. » (8)

— J'aime ton Tertullien — dit Marcel Bonnier et je regrette que les modernes soient devenus si prudents.

— Ne regrette pas trop. Lis, et tu l'aimeras comme Tertullien, le Malebranche des Entretiens sur la métaphysique. Au sommaire du quatorzième entretien, il écrit sans barguigner : « L'incompréhensibilité de nos mystères est une preuve démonstrative de leur vérité ».

— Epatant. Fais-moi connaître la démonstration.

— Elle te plaira, si lyrique et si peu démonstrative. L'un des deux interlocuteurs, Ariste, s'écrie : « Plus nos mystères sont obscurs, quel paradoxe ! ils me paraissent aujourd'hui d'autant plus croyables. Oui, Théodore, je trouve dans l'obscurité même de nos mystères reçus comme ils sont aujourd'hui de tant de nations différentes, une preuve invincible de leur vérité. »

— « Preuve invincible » est d'une insolence qui me ravit. Mais que répond Théodore ?

— Il félicite : « Puisque vous savez maintenant tirer la lumière des ténèbres mêmes et tourner en preuve évidente de nos mystères l'obscurité impénétrable qui les environne....»

—Admirable. « Tirer la lumière des ténèbres ». La belle opération.

Je regardais le camarade. Il souriait mais, me semblait-il, de joie, d'émerveillement et de poétique persuasion.

— Sais-tu — continuait-il — que c'est un grand poète en prose, ton Malebranche.

— Je le sais et je lui connais quelques autres mérites. Il bâtit ingénieusement de beaux palais de brumes irisées. Il lui manque seulement les qualités logiques qui sont peut-être exigibles du poète quand le poète s'intitule philosophe.

— A bas la logique ! Vive la poésie.... Mais beaucoup d'apologistes ont-ils imité sa noble vaillance ?

— Un des plus braves me paraît Brunetière. En 1900, pages 44 et 45 de Les Raisons actuelles de croire, il écrit : « Il n'est pas question de croire parce que nous ne comprenons pas. La raison de la croyance est ailleurs. Mais nous ne pouvons « croire » que ce que nous ne comprenons pas. »

— C'est assez courageux.

— Il cite la belle phrase de Malebranche sur l'incompréhensibilité preuve démonstrative ; mais il n'ose l'approuver sans réserves. Il secoue une tête lourdaude : « C'est beaucoup dire et je craindrais qu'on ne vît dans cette formule un peu hardie la traduction de ce Credo quia absurdum qui lui-même n'est sans doute qu'une altération légendaire du mot de Tertullien : Credibile quia ineptum. Mais, en tout cas, l'incompréhensibilité des mystères ne prouve rien contre eux, si ce n'est qu'ils sont des mystères. On le savait. Ils ne seraient pas mystères, s'ils n'étaient pas incompréhensibles et n'y ayant d'ailleurs pas de religion sans mystères. »

— Pas mal, dit l'Incompressible Poète, mais cette fois son sourire raillait. J'aimerais ce Brunetière si seulement il écrivait avec la grâce de Malebranche.

Et Bonnier, les lèvres plus moqueuses, me poussa cette colle :

— Mais sa logique doit te satisfaire, cher logicien. Pas de religion sans mystères et, par conséquent, sans affirmations incompréhensibles.

— C'est peut-être une des raisons pour lesquelles je rejette en riant toute religion.

— Tu ne vas pas nier l'existence du mystère.

— Entendons-nous. Il y a de l'inconnu. Je suis même de ceux qui croient qu'il y a de l'inconnaissable. Dans cette signification honnête du mot, je me sens entouré de mystère. Mais ce mystère-là, précisément, les religions ne le respectent point ni les émotions irisées que soulève sa contemplation. Elles anathématisent la sage suspension du jugement. Elles condamnent aussi le rêve poétique et cette hésitation charmée où la basse du sourire et du scepticisme accompagne le soprano et l'extase du regard. Ce qu'elles nomment mystères, elles, ce sont des affirmations inacceptables à la raison. Le morceau de pain à chanter dont nous parlions tout à l'heure a, comme toute chose, ses aspects probement mystérieux. Il est une occasion comme une autre de me poser des questions songeuses et, par exemple, puisqu'il est fait avec du grain, de rêver aux problèmes solubles et aux problèmes insolubles concernant la végétation. Mais, sans les folies déloyalement imposées à mon enfance indéfendue, je ne me demanderais certes pas comment un corps humain peut tenir invisible dans ce petit rond et à la fois dans des milliers de petits ronds semblables. Les mystères naturels suffisent à mes rêveries et à me faire épouser poétiquement l'univers. Ce qu'il y a de malsain aux mystères ridiculement artificiels de l'Eglise...

— Il te manque l'amour et son aveuglement.

— L'amour aux yeux ouverts trouve assez d'exercice dans les réalités. L'amour aveugle et la foi aveugle nous sacrifient à des chimères.

 

Qu'on l'avoue comme Tertullien, Malebranche et quelques autres ou qu'on le nie comme la plupart, c'est bien un vertige consenti qui fait glisser à la foi ; « c'est bien, en effet, l'absurdité qui prend valeur d'argument dans la démonstration religieuse : — « Crois cela. — Mais c'est absurde. — C'est justement pour cela qu'il faut le croire et ne pas chercher à le comprendre, puisque nous plaçons par définition cet ordre de vérités au-dessus de la compréhension ».

Après les quelques lignes que je viens de copier dans Les Judas de Jésus (p. 11), Henri Barbusse cite les textes fameux de saint Paul en faveur de « la folie ». Plus sévère que mon Incompressible Poète, le puissant poète de l'Enfer et de Jésus ajoute : « C'est, dans le plan intellectuel, un acte de brigandage ».


(1) Essais, Livre II, ch. 12.

(2) D'autres traductions l'appellent AOD.

(3) Sauf référence contraire, j'emprunte à la version d'Osterwald mes citations de la Bible.

(4) Le concile de Trente, que répète servilement le Concile du Vatican « reçoit dans sa 4me session tous les livres tant de l'Ancien que du Nouveau Testament, puisque le même Dieu est auteur de l'un et de l'autre », Quum utriusque unus Deus sit auctor et anathématise «celui qui ne les recevrait pas en entier et dans toutes leurs parties » Si quis libros ipsos integros, cum omnibus suis partibus non susceperit, anathema sit.

(5) Dieu existe-t-il ? (Edition de la Revue l'Idée Libre).

(6) Bossuet, Exposition de la doctrine catholique sur les matières de controverse, chapitre X.

(7) Idem.

(8) En général, pour n'être pas accusé de traduire tendancieusement, j'adopte des traductions connues. Pour Tertullien, comme pour Saint Cyprien ou Lactance, je puise dans le Choix de Monuments primitifs de l'Eglise chrétienne, de J.A.C. Buchon (1837). Mais la version de Giry (1661), que reproduit ce recueil, est vraiment trop noble, trop dix-septième siècle, trop « belle infidèle » et souriante. Le passionné et affronteur credibile quia ineptum devient dans le fade Louis Giry : « Le fils de Dieu est mort. C'est une chose que je trouve croyable parce qu'elle résiste au sens humain. » Cette peut-être édifiante édulcoration ne satisferait pas l'Incompressible Poète.

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