On verra bientôt que la publication d'extraits (ch.I) de cet ouvrage de critique anticléricale n'est pas sans rapport avec Emile Boissier, poète dont on parle ici et là (ou encore là-bas, au pays des Fééries Intérieures).
Mais pour l'instant, de L'Eglise devant ses juges voici l'introduction, pas plus.

Individus ou organisations et collectivités, je n'ai jamais cité rien ni personne devant d'autres juges que ma raison, mon coeur et ma conscience.
Les sentences de ce tribunal ne sont valables que pour moi.
Tant que je ne faisais point comparaître devant le tribunal intérieur ceux qui osaient me commander ou même me conseiller, je restais sûrement un enfant ; j'étais peut-être une proie et, comme disent certaines bêtes de proie, du matériel humain.
Devant l'unique tribunal pourquoi ai-je appelé l'Eglise, non les Eglises ?
De famille pieusement catholique, je n'ai subi qu'une Eglise. Quand j'ai confronté quelques religions, celle qui aveugla mon enfance esclavagée m'a paru plus église que les autres, je veux dire plus autoritaire, plus intolérante, plus envahissante et plus cruelle.
Si, de mon anxieux examen, elle était sortie affermie ou légèrement ébranlée et suspecte, peut-être serais-je revenu à des comparaisons. Ma raison, mon coeur, ma conscience, n'exigent pas seulement que je la condamne ; ils me contraignent à la mépriser. Et les considérants de la sentence me paraissent porter contre toute religion. Pourquoi, dès lors, étudier celles qui n'ont jamais capté ma confiance ? C'est bien assez d'accorder cet honneur et cette attention aux folies que j'ai partagées.