10 janvier 2010
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Pour faire écho à une citation de Han Ryner sur le blog du Grognard, cette réponse à une enquête de la Revue anarchiste de février 1930 (nous n'avons pas l'intitulé — texte republié dans les CAHR n° 107).
Un idéal est un absolu et seul le relatif peut vivre. Mais on ne vit que dans la mesure où l'on se rapproche d'un absolu.
Il y a peu de vivants. Connaissez-vous des anarchistes pratiques qui n'imposent jamais d'exigences et qui méprisent en riant toutes celles qu'ils doivent subir ? Je les crois aussi rares que les vrais chrétiens ou les vrais stoïciens.
L'anarchie sans anarchistes a fait éclater jadis quelques bombes, comme le christianisme sans chrétiens a allumé d'innombrables bûchers, comme le stoïcisme professé paradoxalement par un empereur s'est compromis à des persécutions et à des guerres.
D'ailleurs, que nous importe un lointain avenir ? C'est aujourd'hui qui t'intéresse, camarade d'aujourd'hui. Et aujourd'hui, tu le vois trop, ne peut être beau qu'en toi. Sois donc chrétien jusqu'à mépriser le prêtre, stoïcien jusqu'à mépriser les crimes de Marc-Aurèle et les âneries de Loisel, anarchiste jusqu'à t'écarter en souriant de tous les groupes.
Han Ryner
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De HR (enquêtes)
14 décembre 2009
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C'était la question posée par Christian Dorcy dans Gens qui Rient. Han Ryner y répondait le 19 novembre 1930. [Republié dans CAHR 89, p. 22]
Ceci pour faire écho à la dernière apparition très chirurgicale d'Amer, revue finissante mais pas sans cœur.
Vous laisseriez-vous greffer par le Docteur Voronoff ?
Réponse de M. Han Ryner :
Voronoff et sa greffe ?
Non, merci.
Je suis déjà trop jeune pour mon âge.
Et puis, s'il allait prolonger ma vie jusqu'à la prochaine dernière guerre...
Quand on est le contemporain de Mussolini, le sujet de Tardieu et de Chiappe ; quand la folie automobile ne permet plus de rêver hors de sa chambre ; il est assez héroïque de ne pas avancer son heure.
Voronoff et sa greffe ?
Non, merci !
Je me calme un peu : je ne crois guère aux affreuses menaces que quelques uns nomment ses promesses.
Mais, tout de même, si par hasard, il les tenait...
Vous pouvez vous vanter de m'avoir fait peur, mon cher confrère.
Et j'ai quelque mérite à vous serrer la main sans rancune.
Notons que Voronoff fit fortune en transplantant des tissus testiculaires du singe à l'homme, dans le but de retarder le vieillissement... Ce qui inspira la littérature conjecturale, notamment celle de Victor Méric dont le délirant mais un peu lourdingue Crime des vieux est très directement inspiré des travaux de Voronoff. Ajoutons que Ryner « trop jeune pour son âge » approchait en 1930 des septante années d'existence terrestre.
Chaque époque a sa fontaine de jouvence, hier les couilles de singes, aujourd'hui on nous les brise avec les cellules souches et les nanotechnologies... Mais il est toujours « assez héroïque de ne pas avancer son heure » !
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