C'était la question posée par Christian Dorcy dans Gens qui Rient. Han Ryner y répondait le 19 novembre 1930. [Republié dans CAHR 89, p. 22]
Ceci pour faire écho à la dernière apparition très chirurgicale d'Amer, revue finissante mais pas sans cœur.
Réponse de M. Han Ryner :
Voronoff et sa greffe ?
Non, merci.
Je suis déjà trop jeune pour mon âge.
Et puis, s'il allait prolonger ma vie jusqu'à la prochaine dernière guerre...
Quand on est le contemporain de Mussolini, le sujet de Tardieu et de Chiappe ; quand la folie automobile ne permet plus de rêver hors de sa chambre ; il est assez héroïque de ne pas avancer son heure.
Voronoff et sa greffe ?
Non, merci !
Je me calme un peu : je ne crois guère aux affreuses menaces que quelques uns nomment ses promesses.
Mais, tout de même, si par hasard, il les tenait...
Vous pouvez vous vanter de m'avoir fait peur, mon cher confrère.
Et j'ai quelque mérite à vous serrer la main sans rancune.
Notons que Voronoff fit fortune en transplantant des tissus testiculaires du singe à l'homme, dans le but de retarder le vieillissement... Ce qui inspira la littérature conjecturale, notamment celle de Victor Méric dont le délirant mais un peu lourdingue Crime des vieux est très directement inspiré des travaux de Voronoff. Ajoutons que Ryner « trop jeune pour son âge » approchait en 1930 des septante années d'existence terrestre.
Chaque époque a sa fontaine de jouvence, hier les couilles de singes, aujourd'hui on nous les brise avec les cellules souches et les nanotechnologies... Mais il est toujours « assez héroïque de ne pas avancer son heure » !