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14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 16:05

Daniel Lérault m'a fait parvenir il y a déjà quelques temps cette étude faisant suite à la parution l'an dernier d'un numéro de Scripsi, bulletin des Amateurs de Remy de Gourmont, consacré à la taupe et faisant état d'un possible plagiat de Gourmont par Ryner. Des éléments concernant cette affaire sont lisibles ici.


D’un plagiat l’autre

A Christian Buat

Enfantillages que ces histoires de plagiats et plagiaires mais enfantillages éternels que Scripsi n° 12, cent ans après exhume. Ainsi resurgit "Le Viol souterrain", l’amour taupinier – elle est en foncé ‒, le vol intellectuel – tache de sang –, et les noms, entre autres, de Pergaud, Ryner, Gourmont… Christian Buat a eu bien du mérite et bien raison de rassembler ces textes noirs car la vie est bien noire parfois aux terriens et à la gent animale, car nous sommes ici en pleine « comédie humaine » et c’est cela seul qui reste intéressant, au-delà du vanité des vanités… d’une triste affaire plagiaire parmi tant d’autres !

Je poursuis l’enquête de Christian Buat qu’il faut avoir lu au préalable attentivement. Les lettres que je publie sont inédites (Archives Han Ryner), elles se situent entre la fin mai et le 13 juin juste avant la parution des derniers articles de Wachthausen et Ryner dans Les Horizons du 20 juin, reproduits dans Scripsi pp. 20-22.

Chaque protagoniste, accusateur et accusé, a cherché un appui, sinon un médiateur parmi ses relations confraternelles ou amicales. Florian-Parmentier (1), qui voua toute sa vie un culte à Han Ryner, intercède en faveur de son ami auprès de Wachthausen dans le but, on l’imagine, de mettre un terme à ce genre de polémique qui, bien qu’à la mode, discrédite les littérateurs, ne passionne personne. René Wachthausen lui répond :

Paris, le 26 mai 1913
32 Rue d’Orsel

Mon cher Confrère,

J’ai reçu votre lettre avec surprise, je l’avoue, mais avec plaisir. Je lis toujours avec plaisir la lettre d’un homme courtois qui dit sa pensée. Et vous n’avez pas à vous excuser de vous mêler à ce débat puisqu’il est d’ordre littéraire.

Avant toute chose, avant de répondre même à la question que vous vous posez, je veux vous dire que mon jugement ne fut pas précipité, et surtout que je n’écrivis pas cet article dans la colère. J’enregistre votre opinion sur la bonne foi de Han Ryner (et à ce sujet je vous donnerai tout à l’heure une explication, personnelle mais plausible, à laquelle l’intéressé n’a pas songé) mais je dois vous dire que la question n’est pas là. J’ai pris l’article de H.R. publié dans les Loups, j’ai mis côte à côte deux textes et j’ai écrit : il n’y a là ni sourire, ni allusion, je ne vois que le fait de prendre un texte très pur, etc… Puis j’ai discuté ses idées sur le plagiat et vous avouerez que j’ai volontiers reconnu que sur certains points il avait, à mon sens, raison. Je ne crois pas en effet à l’absolu de la propriété, et je suis persuadé que dès que nous prenons la plume, le pinceau, dès l’instant que nous parlons, nous ne sommes pas purement nous-mêmes. Tout ce qui s’apprend nous le tenons de ceux qui nous ont devancés, et nous devons bien subir leur empreinte lorsque nous créons. Mais c’est sortir de la question, qui est encore celle-ci : Quand j’ai écrit : … Han Ryner entre deux plagiats… je ne l’insultais pas. Cette phrase unique était du domaine de la littérature. S’il se sentait attaqué, il n’en devait pas moins rester sur le terrain littéraire.

Je suis trop homme, trop dégagé de la brutalité des autres animaux terrestres pour me sentir blessé par des injures. L’habitude de m’expliquer les choses, habitude que j’ai prise depuis de longues années déjà, et la conviction que nous ne faisons rien de notre libre arbitre m’ont cuirassé contre la colère, contre la vanité des attitudes et contre la souffrance morale. Je ne me sens donc pas plus insulté par un propos injurieux que par la boue que m’envoie en passant l’autobus. Mais j’ai assez d’intelligence (il n’en faut pas beaucoup) pour les sentir, je veux dire pour m’apercevoir des intentions blessantes qu’on peut avoir à son égard, et assez de temps à perdre en attendant la mort, pour en parler. Han Ryner m’ayant vraiment injurié et m’ayant demandé de citer des textes, j’ai signalé son manque de courtoisie, j’ai cité des textes, et discuté selon sa compréhension ses idées sur le plagiat.

Ceci posé, je réponds à votre question. Non, je ne crois pas que Remy de Gourmont ait inventé la zoologie. Aussi bien, il ne s’agit pas de zoologie dans des rencontres comme celles-ci :

la terre hostile   qui perfora toutes ses aïeules
la terre ennemie   ses aïeules et les souffrances de jadis vivent-elles dans la vierge etc

Ces membres de phrases ne sont pas du domaine public. Je ne vois pas là de la documentation, c’est de la pensée, si ténue soit-elle, issue de faits documentaires. Et si R. de G. a emprunté ces pensées à un texte auquel les aurait également emprunté H.R., le plagiat de l’un n’excuse pas celui de l’autre.

Et maintenant, mon cher confrère, je vais, moi, vous donner une explication qui pourrait laver H.R. de l’accusation de plagiat, mais non de l’accusation de grossièreté que je maintiens, ni de celle de vanité que je maintiens aussi puisqu’il a accepté (je reviens encore là-dessus, direz-vous) puisqu’il a accepté un titre vain. Nous admettrons, si vous voulez, qu’autrefois H.R. aura lu le texte de R. de G. et, qu’intéressé, il l’aura noté en omettant dans sa hâte d’inscrire l’origine au bas de son papier ; puis, que le retrouvant après des années dans ses notes personnelles il l’aura de bonne foi cru de lui, et l’aura livré au public après l’avoir retouché, après avoir travaillé dessus avec fièvre. J’attendais de lui cette explication. Il ne l’a pas donnée. Il joue encore sur les mots, il veut voir comme preuve de sa bonne foi ce fait que je puis admirer un texte et mépriser l’autre, ce qui prouve, dit-il, qu’ils ne sont pas identiques. Cela est enfantin et indigne, par la subtilité, de Han Ryner. Qu’il méprise, soit, mes opinions ; mais qu’il n’ergote pas comme un écolier pris en faute.

C’est le même besoin de justice qui vous a poussé à m’écrire, mon cher confrère, qui m’a poussé à écrire en passant, sans avoir l’intention machiavélique d’aller plus loin… entre deux plagiats. Ma soif de justice a besoin pour se satisfaire d’autres sources que celles de la littérature, et la lutte des hommes pour le pain quotidien et la vie facile me prend plus que la lutte puérile des littérateurs entre eux. Cependant, je me souvenais alors d’avoir lu dans un numéro des Hommes du Jour remontant à plusieurs mois un article de Han Ryner contre un écrivain dont on peut ne pas aimer l’œuvre, mais qu’on ne peut mépriser dans cette œuvre où se trouve de belles scènes, de beaux morceaux de vie transposée comme le désire Han Ryner. Il s’agit de Brieux (2). Cet article me révolta, la cuirasse philosophique a ses défauts comme toutes les autres. Après plusieurs mois j’avais gardé l’impression d’une telle injustice, j’avais tellement ancré en moi le souvenir d’un jugement rendu du haut d’une chaire par un misérable pion toujours enfermé dans sa salle d’étude puante, et qui ne connaît pas ce qu’il juge, qui ne veut pas le connaître… L’auréole du philosophe charmant, de l’écrivain talentueux se volatilisa pour moi, et quand l’occasion se présenta d’elle-même de le juger sur un fait précis, je le fis sans hésitation, et je n’en ai aucun regret.

Pardonnez-moi, mon cher confrère, de vous donner une opinion si franche sur Han Ryner, s’il est de vos amis. Mais pouvais-je vous écrire autrement que selon mon cœur, et devais-je mentir poliment dans une réponse à une lettre où vous parliez de bonne foi ? Je conserve de cette correspondance échangée le plaisir d’avoir fait un peu votre connaissance, et je vous prie de croire à mes sentiments vraiment sympathiques.

René Wachthausen

Nous n’avons pas connaissance de la réaction de Florian-Parmentier mais la seconde lettre de Wachthausen est explicite sur les intentions de chacun :

Paris, le 28 mai 1913
32 rue d’Orsel

Mon cher Confrère,

Non, je ne vais pas publier l’explication que je vous ai donnée de la rencontre des textes Remy de Gourmont-Han Ryner. D’abord j’ai horreur d’éterniser une discussion d’un intérêt si médiocre dans une revue ne paraissant que tous les mois. Les HORIZONS publieront l’article de Han Ryner s’il croit devoir persister dans sa thèse qui me semble bien mauvaise, ou tout autre article en réponse au mien, un point, c’est tout. Ensuite, je ne vous ai donné cette explication que pour bien vous montrer que je ne suis pas de parti pris, que je n’ai aucune haine contre Han Ryner, mais mon opinion n’a pas changé, et ça m’est absolument égal qu’un malaise pèse sur les admirateurs de nos gloires françaises, ou qu’on laisse soupçonner que des écrivains au talent reconnu soient en toc. Je vous ai d’ailleurs écrit que je n’avais aucun regret d’avoir publié cet article.

En somme, je vous tendais la perche pour tirer d’embarras votre ami, car, je le répète, je n’ai aucune haine contre lui, et il m’est indifférent de ne pas avoir le dernier mot. D’ailleurs je ne la retire pas, la perche : je vous autorise à vous servir de ma lettre précédente, ou du fond de ma lettre, en me citant ou en ne me citant pas, je n’ai sincèrement aucune préférence, je considère le débat terminé pour moi. L’explication que je vous ai offerte, donnez-la comme vôtre, ou que Han Ryner s’en serve pour me réfuter, ou mettez la sur mon compte, je vous promets formellement de garder entre nous le secret de cette correspondance dans les deux premiers cas et de ne plus revenir sur cette affaire, même dans le troisième, car je pense que si Han Ryner s’en sert il aura le goût de rester vis-à-vis de moi dans le domaine littéraire, et je suis persuadé que si vous la mettez à mon compte vous ne dénaturerez pas ma pensée. J’ai la plus grande confiance dans votre bonne foi.

Je vous prie de croire, mon cher Confrère, à mes sentiments les meilleurs.

René Wachthausen [signature manuscrite, lettre dactylographiée]

En haut à gauche a été portée, par Florian-Parmentier, au crayon, la note à l’intention sans doute de Han Ryner: « Voyez ce qu’il faut faire, ou s’il y a quelque chose à faire… F.P »

Han Ryner, informé par Florian-Parmentier de ces révélations « étonnantes » écrit à René Wachthausen (transcrit d’après le brouillon de lettre conservé) :

Paris, 28 mai 1913

Monsieur,

Mon ami Fl. P., qu’un hasard heureux me fait rencontrer, me communique votre lettre. J’ai le plaisir d’y lire un certain nombre de choses plutôt détails étonnants. J’en retiens un seul. Vous aviez découvert une explication plausible de ma rencontre de quelques termes sans importance, avec R. de G. Cette explication prime « lave de l’accusation de plagiat » vous paraissait tellement certaine que vs l’attendiez de moi. Ainsi vous m’avez accusé en me croyant innocent !

Je ne me souviens pas, M., de vs avoir rencontré. Il me plait de vs supposer assez jeune pour qu’on puisse voir dans vos attaques, non une mauvaise foi volontaire, mais l’excusable étourderie d’un enfant qui, au service passionné de ce qui lui semble la justice, emploie, sans s’en apercevoir, les armes les + injustes.

Quand on croit avoir un tort à reprocher à quelqu’un on lui reproche ce tort, on ne forge pas contre lui une accusation qu’on sait fausse. « Dreyfus est juif, donc ns l’appelons traitre ‒ H.R. n’aime pas Brieux, donc je l’appelle plagiaire. »

Je ne rendrai pas public, sans nécessité absolue, de l’arme terrible que votre absence de [mots illisibles] contre vous. Si grossier et venimeux qu’il vous paraisse le « misérable pion », s’efforce, même quand il est attaqué violemment, de prot[ester] sans blesser frapper.

Marcel Millet (3), le directeur de Les Horizons, s’est mêlé à l’affaire et a pris parti pour Wachthausen malgré l’estime et l’amitié qu’il portait jusque-là à Han Ryner qui lui écrit (d’après le brouillon conservé, non daté) :

Marcel Millet

Qu’ai-je fait pour que vos sentiments aient changé à mon égard et en quoi ai-je mérité les duretés injurieuses de la note, que vous ajoutez à l’article de Wachthausen ? Voyez dans quel embarras vous me mettez. Je ne puis répondre publiquement à cette note. Qqs. mois plus tôt j’aurais indiqué que en publiant Les Am. s. ds Les Horizons, cette page inédite en librairie avaient paru seulement dans un numéro ancien et introuvable de La Phalange. Si j’ai noté sans réserve que la parabole était inédite, c’était pour vous éviter toute difficulté avec la S.G.L. [Société des Gens de Lettres] à laquelle je venais d’adhérer. Donner l’explication publiquem. serait contre cette attention. Je ne la donnerai donc pas et je vous laisse m’accuser d’avoir surpris votre bonne foi ! Mais vraiment est-ce moi qui ai désiré collaborer aux Horizons et ne vous ai-je pas donné cette page par pure complaisance ? Quelle raison aurais-je pu avoir de surprendre votre bonne foi ? Je ne vous demande rien, pas même de reconnaître intérieurem. votre tort dès aujourd’hui. Mais je vous crois assez noble pour le sentir un jour, quand vous verrez votre geste d’un peu loin.

Croyez-moi sans rancune

Marcel Millet à Han Ryner :

Dax 13 juin 1913

Han Ryner,

Je suis loin de Paris et de toutes les littératures et je vous assure que d’ici on juge les choses sans passion et sans haine.

Je tiens à vous répondre parce que je vous ai grandement estimé et parce que vos premiers livres ont laissé en moi d’inoubliables impressions. J’étais fier de vous connaître et vos bonnes lettres cordiales m’ont été précieuses. Mais vous avez des amis maladroits, des disciples trop zélés. Les histoires d’élection ont été sans noblesse, autant pour le prince des conteurs que pour le prince des poètes. Rappelez-vous de notre conversation après l’enterrement de Dierx. Rappelez-vous aussi de ma lettre au moment du bien innocent complot organisé chez Mme Fréhel. Je sais que nos idées libertaires sont communes et j’ai eu d’autant plus de peine de tout ceci. Les explications que vous me donnez ne convaincraient personne. Pourquoi confier aux Horizons une page déjà publiée sans nous avertir ? Pourquoi enfin nous offrir cette page là, si elle vous était tellement indifférente ? Vous nous estimiez donc bien peu.

Enfin nous n’aurions rien dit, car je me souvenais de votre œuvre, et de votre sympathie, je ne me souciais pas d’engager une polémique qui au fond me répugnait puisque vous étiez vous aussi, un libertaire et que nous nous tenions du même côté de la barricade. Mais vous avez ouvert les hostilités. Votre article dans Les Loups était gouailleur et venimeux. Wachthausen a eu raison de vous répondre comme il l’a fait et j’ai tenu à ajouter quelques lignes car vous avez eu tort, et d’écrire cet article, et de l’écrire dans Les Loups (car vous n’avez aucune illusion sur la propreté de cette feuille, vous me l’avez dit vous-même).

Nous insérerons votre réponse (4) et j’écris à Reuillard (5) de vous envoyer l’épreuve. Votre ami Florian-Parmentier a confirmé la série de maladresses, ne croyez pas que ces polémiques nous passionnent outre mesure. On se défend, il le faut bien, et si la petite revue que vous méprisez est devenue, avant tout, combative c’est parce qu’il y a tant à démolir avant de songer à construire ! Nous ne sommes pas des apôtres mais je préfère la sincérité, triste et brutale, à toutes les fantaisies, les subtilités, les pirouettes.

Je n’ai pas de haine pour vous, Han Ryner ‒ et j’ai plus de peine que de colère, je vous assure. Pour être un jeune homme, je n’ignore pas l’amertume de la vie. Plutôt que de nous déchirer, il y aurait tellement de beauté dans le geste fraternel ! ‒ Seulement il y a vos amis maladroits, Les Loups, votre attitude, la soif de réclame, les rancunes et les concessions… Il y a tout cela entre nous, Han Ryner, et vous n’avez peut-être pas voulu regarder au dessus de ces choses médiocres. ‒ Mon âge ne me permet pas de vous juger mais ma sincérité me forçait à agir, à laisser agir mes vrais amis.

Vous voyez que je vous réponds une bien longue lettre. La vie est si âpre et si mauvaise qu’on hésite toujours à blesser un homme et il est d’autant plus douloureux quand on a aimé cet homme, d’avoir à blâmer sa conduite.

Je vous le répète, je suis très loin de Paris et des littératures, je travaille pour gagner ma vie, et toute cette affaire me parait navrante. Mais vous avez commencé, et vos disciples ont continué.

Si vous avez eu pour moi l’amitié que vous dites, croyez bien que l’homme que je suis, qui apprend à souffrir parmi les hommes, plaint l’homme que vous êtes, qui a souffert aussi, et qui méritait l’amour de vivre.

En très profonde tristesse.

Marcel Millet

 

Pour aggraver sa volonté de rupture Marcel Millet utilisa le classique feuillet de faire-part de décès encadré de noir. On ne plaisante pas avec l’amitié, elle est viable ou pas et je note qu’après la Grande Guerre les deux âmes, celles d’Han Ryner et de Marcel Millet se réconcilièrent durablement. J’en donne pour preuve cet extrait d’une lettre (6) d’Han Ryner à Florian-Parmentier :

Paris, 28 mai 1921

[…] Marcel Millet, qui a adhéré aux Amis de Han Ryner au commencement de mai, se plaignait il y a peu de jours de n’avoir aucun avis de réception. Retard sans doute, réparé à cette heure. Sinon, ne le faites pas attendre davantage, je vous prie. C’est un homme loyal, fort capable de se tromper mais qui reconnaît ses erreurs. Et il est des rares que nous aimons pour leur tenue devant la question guerre.

A vous de cœur et d’esprit

Han Ryner

Peut-être avez-vous égaré l’adresse de Marcel Millet : Le Biou avenue de Lérins Cannes (Alpes-Maritimes)

Ajoutons l’opinion de Marcel Millet sur Florian-Parmentier :

« Un cœur loyal au-dessus des intrigues (7) »

Je ne souhaite pas conclure mais faire le point. Accusé et accusateur sont allés trop loin ; ils s’en rendent compte, le combat est vain, il faut le cesser, il dépasse le cadre littéraire; malgré des arguments plausibles, ils ne convainquent personne. Certes il est important de noter que René Wachthausen avait bien, comme intention profonde, de nuire à la carrière d’Han Ryner, la question du plagiat n’étant qu’un prétexte même si c’est sous le couvert de faire émerger sa vérité. On remarque également que sont pointés du doigt les courtisans admirateurs zélés d’Han Ryner lequel ne saura pas toujours contenir leurs débordements. Il est vrai qu’ils lui étaient aussi utiles à conquérir la notoriété qui aura trop tardé. Comme chez beaucoup de créateurs, orgueil et vanité ne sont pas exempts de son caractère, il le reconnaît.

Je veux ajouter, concernant l’écrivain, que Ryner a conservé ‒ dès la parution dans les années 1885 des premiers contes, en journaux et revues, puis des paraboles ‒, l’habitude de présenter à de nouvelles revues, quelques années plus tard, ces mêmes textes quelquefois retitrés et assez souvent retravaillés. Cela a bien été signalé par Louis Simon dans l’édition des Contes à L’Amitié par le livre (1967). Christian Buat l’aura bien remarqué lui aussi en publiant les deux versions de "Les amants souterrains", celle de La Phalange (1906) et celle dans Les Horizons (1912), plagiat ou pas ! Les obsédés du plagiat, en toute logique, s’écrieront : « Han Ryner plagie Han Ryner » ou le plagiaire plagié par lui-même !

Suite et fin ici.


(1) Sur Florian-Parmentier, voir par .

(2)Eugène Brieux, de l’Académie française… (1858-1932). Dans sa chronique « Bavardages » des Hommes du jour Han Ryner médisait souvent de l’Académie et des académiciens. Eugène Brieux avait été élu à l’Académie en 1909, succédant à Ludovic Halévy. Flax (Victor Méric) en fit un portrait dans Les Hommes du jour du 24 avril 1909, Han Ryner dans ses Bavardages du 21 mai 1910.

(3) Marcel Millet (1886-1970). Comédien-poète romancier libertaire il dirige, depuis 1912 la revue Les Horizons qui compte, parmi ses collaborateurs, Gabriel Reuillard, Marcel Martinet, Fanny Clar, Maurice Magre, Henri Strentz, Jules Romains, Georges Fourest, Gustave-Louis Tautain, Dominique Combette, Maurice Pillet, Jean-Richard Bloch, René Wachthausen, Han Ryner…

(4) Elle paraitra dans Les Horizons le 20 juin 1913 ; reproduit in Scripsi n° 12, 2013, p. 21

(5) Gabriel Reuillard (1885-1973). A partir du printemps 1913 il administre et dirige Les Horizons avec Marcel Millet. Il écrivit, en collaboration avec René Wachthausen, deux pièces de théâtre, Notre passion (1921), L’Egale (1924). Le 8 janvier 1963 il fit, sur France III, une allocution radiophonique pour le 25e anniversaire de la mort d’Han Ryner (Cf. Cahiers des Amis de Han Ryner, n° 68, mars 1963).

(6) Les archives Han Ryner recèlent les lettres de Marcel Millet à Ryner, de nombreuses lettres à Louis Simon.

(7) Franz d’Hurigny, Florian-Parmentier, Editions de la Cité spirituelle, s.d.

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