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Textes et documents de, sur et autour de Han Ryner, écrivain et philosophe individualiste, pacifiste et libertaire.

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L'Individualiste et l'Antiquité VI

VI
La Citadelle dans le Jardin

Le portrait le plus marquant de L’Individualisme dans l’Antiquité est à mon sens celui de Zénon de Cittium. Comme il est émouvant, ce petit métèque ruiné au monde, moqué des hommes, l’esprit brûlé au feu trop vif du Cynisme, et qui trouve l’apaisement et l’accomplissement dans l’harmonie qu’il se crée ! On lit à son sujet :

Vingt ans, il erra d’école en école. Nulle part ses inquiétudes ne trouvaient le repos. C’est en lui qu’il finit par découvrir le principe d’harmonie. Les matériaux qu’il emprunta aux uns et aux autres, il les fit vraiment siens par l’heureuse et nouvelle disposition qu’il leur donna (50).

Cela, dans une certaine mesure, Ryner aurait pu l’écrire pour lui-même. La tendresse particulière qu’il manifeste pour Zénon prend peut-être ici tout son sens.

Car, on l’a vu, bien qu’une certaine forme de stoïcisme constitue indéniablement le noyau de son éthique, il emprunte également des concepts et des pratiques aux autres sagesses, en particulier à l’épicurisme.

À propos de la comparaison épicurienne du cœur humain à un vase, il écrit qu’il la considère comme l’« un des chefs-d’oeuvre du symbole, une des plénitudes les plus riches que connaissent philosophie et poésie (51) ». Je suis quant à moi très tenté d’appliquer le même jugement à cette métaphore contenue dans La Sagesse qui rit, qui résume magnifiquement cette belle alliance du stoïcisme et de l’épicurisme qu’a su opérer, sans rien renier d’un combat viscéral et radical pour l’amour et contre l’injustice, ce philosophe antique du XX e siècle qui s’appelait Han Ryner :

L’épicurisme suffit aux circonstances ordinaires. Au centre du jardin, j’ai dressé l’imprenable forteresse d’Épictète. Je m’y retire seulement aux heures critiques. Mais je me souviens toujours qu’elle est là et j’entretiens le chemin qui y conduit. Grâce à elle, le jardin m’est plus doux : l’ombre de la citadelle tue les germes de crainte. Mon bonheur présent ne se corrompt de nulle appréhension (52).

C. Arnoult
2010 au mitan


Notes

(50) L’Individualisme dans l’Antiquité, p. 94 de la présente édition.

(51) Ibid., p. 77-78.

(52) La Sagesse qui rit, op. cit., p. 153.

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