Deuxième partie de l'ensemble de documents rassemblés par Daniel Lérault au sujet de L'Homme-Fourmi, réédité à l'automne dernier par L'Arbre vengeur.
Tout d'abord, deux envois à des amis proches, le poète Emile Boissier (dont il est question ici) et le couple Mélon (intimes de Ryner dans les années 20).
À Émile Boissier, sur un exemplaire de l’édition originale, La Maison d’Art, 1901.
A mon cher ami
Emile Boissier,
bien cordialement
Han Ryner
Aux Mélon, sur un exemplaire de l’édition originale, La Maison d’Art, 1901. Joseph Mélon (1869-1941), poète philosophe, est l'auteur de Le Roi triste (Crès, 1919, contient une ode à Charles Péguy), Les Soleils reviendront (Perrin, 1925, avec une ode à H. Ryner), Les Grappes de la nuit (Ophrys, 1942) - cf. Cahiers des Amis de Han Ryner, n° 35, 1954, pp. 5-17.
à Joseph Mélon
à Callixte,
‒ au Poète et à la Muse,‒
aux meilleurs des amis
en affection profonde,
Han Ryner
Puis un envoi et une lettre à Renée Dunan sur un exemplaire de l’édition Eugène Figuière, 1914. Sur Renée Dunan et Han Ryner on se reportera au Cahiers des Amis de Han Ryner n° 81, juin 1966 : « Han Ryner par Renée Dunan » et « Lettres de Han Ryner à Renée Dunan ». Pour découvrir l'étonnante, prolifique et mystifiante Renée Dunan, on peut consulter cette notice sur le site du CIRA, mais pour approfondir le mieux est de se procurer le n°2 d' Histoires Littéraires (2000) qui contient l'article de Claudine Brécourt-Villars : "Renée Dunan ou la femme démystifiée". Jean-Pierre Weber a établi que tout ce qui est de l'écriture de Renée Dunan est en fait de la main de Georges Dunan !
L'envoi :
à Madame Renée Dunan,
critique pénétrant
et écrivain vigoureusement original,
en toute sympathie
Han Ryner
La lettre
Paris, 12 février 1920
Madame,
Je me réjouis que Marcel Sauvage et Florent Fels vous aient demandé cette étude. S’ils m’avaient demandé de choisir le critique à qui la confier, c’est vous que j’aurais choisie sans hésiter.
J’aurais grand plaisir à vous porter mes livres moi-même. Hélas ! grippe et entérite s’y opposent : ce sont deux puissantes divinités, malgré leur laideur. Je vous envoie donc l’écrasant paquet.
Il y a, dans le nombre deux bouquins dont je ne possède pas de double. Je vous demanderai de vouloir bien me retourner, quand vous n’en aurez plus besoin, mon exemplaire du Cinquième Evangile et mon exemplaire des Paraboles cyniques. Excusez-moi de vous donner cette besogne. Mais il m’a semblé presque indispensable que vous connaissiez ces deux livres.
Excusez, ou plutôt plaignez le grippé que je suis. Il a besoin de faire appel à toute la philosophie quand la maladie le prive d’une conversation avec un esprit comme le vôtre.
Et croyez à toute mon admirative sympathie pour votre pénétration critique et votre vigueur originale d’écrivain.
Han Ryner
Je joins aux livres, à titre documentaires, quelques articles que je possède en double.
Marcel Sauvage et Florent Fels dirigeaient la revue Action, « Cahiers de philosophie et d’Art » ; l’étude de Renée Dunan paraîtra dans le n° 2, mars 1920 (reprise dans les Cahiers des Amis de Han Ryner n° 81).
Et pour finir, un bel envoi à Albert Blain, sur un exemplaire de l’édition originale, La Maison d’Art, 1901. Albert Blain, grand défenseur de Mandrin, était bouquiniste et fut président de la Chambre syndicale des bouquinistes des quais de la Seine. Les lettres de Han Ryner à Albert Blain ont été publiées dans le n° 179, premier trimestre 1991, des Cahiers des Amis de Han Ryner.
Cher Albert Blain,
La première fois que j’exposai à un ami le projet du présent livre, il haussa les épaules en déclarant : Tu veux l’impossible
‒ Seul – répondis-je en riant, ‒ l’impossible vaut d’être tenté.
Est-ce seulement dans le domaine littéraire que rendre l’impossible possible en le réalisant est la grande œuvre humaine ?
Que d’impossible d’hier réalisé aujourd’hui sur le plan matériel.
Et, s’il reste encore impossible à la plupart des hommes d’être humains, travaillons sans découragement à le rendre possible à ceux qui viendront
avril 1937
Han Ryner