(Source : Etudes et souvenirs sur Cécile Sauvage, édition des Amitiés, 1928)
Il paraît que l'on fête cette année le centenaire du compositeur Olivier Messiaen (site officiel du centenaire : http://www.messiaen2008.com/). Je ne saurais juger de sa musique. En revanche, je sais que sa mère — qui eut, de son propre aveu, une grande influence sur lui — s'appelait Cécile Sauvage et qu'elle écrivit des poèmes, un peu dans la veine de Marcelline Desbordes-Valmore, qu'estima fort Han Ryner.
Louis Simon affirme à plusieurs reprises (cf. par exemple page 44 de A la découverte de Han Ryner) que Ryner aida Cécile Sauvage dans ses débuts littéraires. Dans quelle mesure ? Je ne sais pas bien. La lettre qu'on va lire (publiée au n°158 des CAHR), datée d'octobre 1907, témoigne en tout cas de contacts précoces entre Ryner et la jeune poétesse née en 1883.
Je suppose que le "M. Walch" cité est G. Walch, l'auteur de la belle Anthologie des Poètes Français contemporains, plusieurs fois rééditée et mise à jour chez Delagrave. Ryner figurait au 3è volume. Quel but précis visait ces démarches ? Mystère. Si j'en crois le catalogue de la BNF, Cécile Sauvage n'avait à cette date publié aucun volume (premier recueil daté de 1910 : Tandis que la terre tourne, au Mercure de France). Quant à des parutions dans des revues, on peut trouver un de ses poèmes — Soir rétrospectif — dans La Nouvelle Revue du 15 septembre 1908 (cf. ici p.220 sur Gallica).
On peut lire également ici le brouillon d'une conférence de Han Ryner sur Cécile Sauvage, ce qui est une autre preuve de son intérêt pour l'œuvre de la poétesse.
Cécile Sauvage est morte en 1927, emportée par la tuberculose.
Avignon, 12. 10. 07
Monsieur,
Je suis très heureuse du beau résultat de votre démarche auprès de M. Walch.
Je vous remercie et vous fais part de toute ma gratitude enthousiaste.
Excusez-moi d'être si brève, aujourd'hui ; j'ai grand travail. Je vais lire en entier « Les Chrétiens et les Philosophes », dès que j'aurai terminé une série d'articles demandés par M. Fournier Lefort. Mais j'ai déjà parcouru avec délices les deux premiers chapitres, et dans le corps du livre, de superbes paroles passèrent sous mes yeux comme des bouquets capiteux ou plutôt comme une perspective de colonnes grecques enguirlandées de fleurs sobres et du beau feuillage vert sombre de l'acanthe.
C'est à vous seul, aujourd'hui, que la beauté antique a laissé son merveilleux secret d'émouvoir, dans la mesure et la sévère harmonie des lignes droites.
Pierre Messiaen et moi, nous vous prions, Monsieur, d'agréer l'assurance de nos respectueux sentiments de sympathie.
Cécile Sauvage