Il paraît que l'on a jusqu'à la fin du mois de janvier pour présenter ses voeux. Je ne me suis donc pas pressé.
Du point de vue de la marche du monde, 2007 fut détestable. 2008 sera sans doute exécrable. L'ostentation, le clinquant, la feuille d'or dont on recouvre l'étron... voici pour la forme. L'appétit sans fin pour les choses, qui passe par l'écrasement des êtres, voilà pour le fond. Consommation, concurrence, compétition, conformisme...
Actualité ? Il est probable qu'il en fut toujours ainsi. Il n'y a jamais eu d'âge d'or, il n'y en aura jamais.
Est-il possible de vivre en contemplant chaque jour ce spectacle de désolation ? C'est une question que je me pose régulièrement. Question qu'a dû affronter Han Ryner, même s'il ne la pose jamais explicitement. Problème qu'il chercha à résoudre, dont il semble avoir trouvé un paradigme de solution vers le milieu des années 1890, qu'il tenta d'appliquer le reste de sa vie. Je vous invite à lire ou à relire le Petit manuel individualiste, Le Subjectivisme (cf. dans la rubrique Essais) et les quelques conférences disponibles sur ce blog.
Un chemin parmi d'autres possibles, qui est celui de Ryner, qui n'est pas forcément toujours le mien, qui n'est pas forcément le vôtre. Mais dont je crois qu'il fut tracé de manière sincère, et dont certains topos peuvent jalonner ma recherche, et peut-être les recherches d'autres personnes.
Que peut ce blog Han Ryner ? — autrement dit, sans fausse modestie : que puis-je pour vous ? Apporter un peu de savoir, ce "boire" que Ryner qualifie de "grand luxe humain" dans Le Subjectivisme, que j'aurais quant à moi tendance à considérer aussi — par faiblesse — comme une consolation, ou ce qui revient au même, comme un divertissement.
Mais je ne pourrai sûrement pas vous apporter le "rire", cette liberté intérieure qui seule peut mener au bonheur, à la faculté de vivre bellement dans un monde où la laideur a sans cesse le dessus sur la beauté — et qui seule, j'ajouterais, peut permettre d'espérer inverser le rapport, parfois, pour des instants minuscules, en des lieux fragiles, ou dans un avenir incertain. Car cette liberté ne se donne pas, elle s'acquiert par soi-même, par un lent travail que l'on peut nommer avec Ryner, avec d'autres : sculpture de soi.
Que vous puissiez progresser dans ce travail — si vous en avez le désir, bien entendu — voilà ce que je vous souhaite, et je crois bien que c'est là tout ce que je peux vous souhaiter pour 2008 !
C. Arnoult
Ces choses dites, quelques nouvelles concernant le contenu du blog.
Je dois toujours mettre en ligne de la correspondance de Han Ryner. Cela fait des mois que je l'ai annoncé, j'ai démarré quelque chose sur des lettres à Manuel Devaldès, mais d'autres projets et un manque de docs pour le commentaire m'ont retardé. Ca devrait quand même venir.
Idem concernant l'affaire Ner-Daudet-Bonnet (cf. ici). Mais je crois que cela aura valu le coup d'attendre !
Et puis on devrait bientôt pouvoir s'intéresser à la biographie de Ryner sous un angle géographique... mais je n'en dis pas plus pour l'instant.
Pour le reste, ma foi, ce sera à la petite semaine et suivant mon humeur — ou la vôtre, si vous me faites part de vos désirs. Mais sur un rythme complètement indéterminé, étant bien obligé de me livrer à d'autres occupations plus ou moins utiles, plus ou moins agréables, pour assurer la matérielle.