Parmi tout un tas d'échos microlocaux tant municipaux qu' électoralo-circassiens, nous sont parvenus quelques inquiétants bruits de bottes en provenance d'Amerique latine, du côté de la Colombie, de l'Equateur et du Venezuela. Les démagogues du coin se sont finalement arrangés et l'on put s'esbaudir d'une émouvante accolade entre Hugo Chavez et Alvaro Uribe.
Pendant ce temps, je suppose que la Colombie est toujours recordman des assassinats. Les kakis narco-marxistes rangent leurs otages sur des étagères dans la jongle : « Bouffe du parasite tropical, y'a qu'ça ! » Ingrid Betancourt, parmi bien d'autres, crève de maladie et de mauvais traitements. De l'autre bord, les narco-para-ou-non-militaires jouent sans doute toujours au foot avec des têtes de gosses, et viennent présenter le résultat des matchs à Uribe, sous le regard détourné de l'oncle Sam. Quant aux autres, le monde toujours aussi pérenne s'en branle ! La situation est donc revenue à la normale.
Il me paraît cependant intéressant de publier cette déclaration d'anars et d'antimilitaristes sud-américains, même si elle est un peu dépassée.
Déclaration des latino-américains antimilitaristes :
Nous n’avons pas besoin d’une autre guerre. Nous, objecteurs de conscience et antimilitaristes d’Equateur, Colombie, Venezuela et de l’ensemble de l’Amérique latine et des Caraïbes ensemble nous refusons de participer à l’escalade agressive qui conduit à la guerre qui à nouveau tenterait de nous diviser. Nous avons assez à faire avec la faim, la corruption, le militarisme rampant, l’obscénité des budgets militaires, l’insécurité, les continuelles violations des Droits Humains par nos gouvernants, pour les laisser nous conduire à un nouveau conflit armé.
La guerre ne fait que renforcer le nationalisme dans les pays impliqués, augmentant la xénophobie qui existe toujours dans nos pays. Il permettra aux forces armées de donner d’autres excuses pour augmenter leurs budgets et cachera les problèmes qui empestent toujours plus les peuples en Amérique latine et dans les Caraïbes : l’impossible contrôle de l’exploitation de nos ressources, le taux toujours plus élevé du chômage,la discrimination et la violence, la corruption et les mafias au pouvoir, des communautés entières déplacées pour cause de guerre ou la monoculture, racisme et la discrimination de classe, etc. Rien de cela ne peut être résolu par la guerre Au contraire, la guerre signifie que ces problèmes vont s’aggraver juste comme dans chaque dictature et chaque guerre civile.
La guerre entre les Etats d’Amérique latine est aussi une guerre civile entre frères, conduits au massacre par des gouvernements militaristes, qu’il soient de droite ou de gauche. Les seuls gagnants dans cette guerre fratricide seront les marchands d’armes mondiaux qui aux Etats-Unis et dans la Fédération de Russie construisent leurs laboratoires de guerre et d’oppression dans nos pays sous l’euphémisme du « Plan Colombia ».
Nous disons non à la guerre et à sa préparation. Non au pouvoir des militaires, qu’ils soient de gauche ou de droite. Oui à l’autonomie des peuples et à leurs luttes. Oui à la fraternité latino-américaine.
Antimilitaristes Latino-américains et Caraïbes
Internationales des Résistants à la Guerre (IRG/WRI) ; Groupe d’affinité antimilitariste d’Asuncion GAAA (Asuncion-Paraguay) ; Pelao Carvallo,conseiller IRG ; Yeidi Luz Rosa Ortiz, Maison féministe de rosa –Quito, Equateur ; Périodique El libertario - Venezuela ; Xavier Leon, groupe objection de conscience de l’Equateur- GOCE ; Mouvement Antimilitariste de Carabanchel Espagne ; Mouvement d’objection de conscience du Paraguay Moc Py ; Alicia Zàrate-artiste visuelle- SOS Terre. Arte action. Arg. ; Claudia Ruiz Herrrera- artiste visuelle ; Osmar Arturo Duran ; Collectif Utopie Acrate libertaire ; Athénée autonome de contre culture et études acrate ; Elda Munch Comini, Rosario, Santa fé, Argentine ; Laura Fernandez, argentine; Rafael Cuesta; Collectif Libertaire-Guayaquil, Equateur ; Violeta Franco, feministe antimilitariste ; Marai Luisa Rojas Bolanos, femme, mère et grand’mère. Médecin, professeur de la Faculté de Médecine de la UADY Mérida, Yucatan, Mexique ; Fanfare « grito libertario » ; Ernesto Soltero Resistance civile, Caracas, Venezuela.
J'ai reçu hier cette déclaration par l'intermédiaire du Libertaire. Il s'agit apparemment de la traduction du texte posté jeudi sur a-infos : http://www.ainfos.ca/ca/ainfos09689.html, à ceci près que la liste des signataires semble avoir évolué. Dans le texte, il est question du "plan Colombie" — si vous ignorez de quoi il s'agit, allez donc faire un tour sur le site du Monde Diplomatique à cette adresse : http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/ameriquelatine/plancolombie-intro. Je crois me souvenir qu'un bouquin sur le sujet avait été édité par No Pasaran, mais il n'a pas l'air d'être encore disponible. Je possède aussi une petite brochure "fanzinée" (Plan Colombia — Un Vietnam sud-américain ?, le passant LE PASSEUR, s.d. [vers 2001], 41p.), compilant des textes parus sur le réseau Indymédia. Tant qu'on y est, et si vous comprenez l'espagnol, il peut être instructif de consulter la section colombienne dudit réseau : http://colombia.indymedia.org/. Malgré ce que je disais en introduction, ce serait injurier les Colombiens de croire qu'ils se répartissent tous en abrutis narco-staliniens, brutes narco-fascistes et enfoirés narco-impérialistes. Pour un point de vue plus spécifiquement libertaire, le site du journal vénézuelien El Libertario : http://www.nodo50.org/ellibertario/.